"Cours donné sur le thème du respect le 11 février 2013 par Eric Fiat dans le cadre des Grandes Conférences de l'Espace éthique AP-HP.
Eric Fiat est professeur agrégé de philosophie, maître de conférence à l'université de Marne la Vallée.
Kant disait que l'amitié est la synthèse de l'amour et du respect : on pourrait donc aimer sans respecter ? et respecter sans aimer ?
Éloge de ce que Kant nommait le «sentiment moral», tellement présent de nos jours dans les discours tenus sur l'hôpital. Cependant si le respect est nécessaire, il n'est pas toujours suffisant."
- LA DIGNITÉ
"Éric Fiat est Maître de conférences en philosophie, université Paris Est Marne-la-Vallée.
Cette vidéo est extraite de l'Université d'été Alzheimer, éthique et société."
Reportage France 5 dans l’émission "La Quotidienne" Jeûne et Randonnée
Le jeûne intermittent : comment ça marche ? (Europe 1)
Vidéo la plus importante : "le jeûne, meilleur remède " avec le naturopathe Thierry Casasnovas
Extraits du magazine Psychologie, voici quelques articles d'Octobre 2013 d'Hélène Mathieu :
La
meilleure façon de jeûner
Vous
aimeriez expérimenter le jeûne ? Avant d'arrêter de manger, une
bonne préparation est nécessaire : il faut y entrer doucement en
réduisant son alimentation quelques jours avant… et savoir en
sortir progressivement.
Il
est indispensable de faire de l’exercice physique durant le
jeûne et de s’hydrater avec de l’eau minérale, des tisanes, des
jus de fruits ou de légumes pour conserver un apport raisonnable en
vitamines, hydrates de carbone et minéraux. Et éviter de reprendre
ses mauvaises habitudes alimentaires. La méthode Buchinger préconise
quatre jours de réalimentation après un jeûne de dix ou vingt
jours, sans dépasser huit cents kilocalories le premier jour, puis
mille, mille deux cents et mille six cents.
Manger
lentement, exclusivement bio et végétarien pendant les deux
semaines suivantes pour que l’appareil digestif se réadapte, en
appréciant le goût et la texture de chaque bouchée et en buvant
abondamment entre les repas.S’y mettre seul n’est pas conseillé
pour une première expérience. Un encadrement compétent permet de
répondre à toutes les questions et de régler les petits problèmes
qui peuvent apparaître, comme les douleurs (maux de tête)
provoquées par l’élimination d’eau. Ceux qui ne se sentent pas
capables d’une pratique prolongée peuvent lui préférer le jeûne
intermittent : un jour par semaine de jeûne complet ou de monodiète
avec trois repas composés d’un même aliment, au choix des fruits,
du riz ou des pommes de terre (sans pain ni matière grasse !) est
considéré comme aussi bénéfique qu’un jeûne long.
Attention,
il est contre-indiqué en cas de troubles du comportement
alimentaire. Sans accompagnement médical, comme cela se pratique le
plus souvent en France, il faut être en bonne santé. Pour les
personnes malades devant prendre des médicaments, un suivi médical
comparable à celui que proposent les cliniques Buchinger est requis.
Il
a longtemps été qualifié de farfelu, d’irresponsable, voire de
dangereux par les médecins. Pourtant, le jeûne est en train de
faire la preuve qu’il peut être un formidable instrument de bonne
santé. Et un nouvel outil pour accompagner la guérison de certains
malades.
«
On est foutus, on mange trop », chantait Alain Souchon. Yvon Le
Maho, directeur de recherche au CNRS, l’exprime différemment : «
Le corps humain est beaucoup mieux adapté à la carence de
nourriture qu’il ne l’est à son excès. » Ce spécialiste du
métabolisme des animaux jeûneurs affirme que nous possédons le
même dispositif d’adaptation. Non seulement notre corps ne
souffrirait pas du jeûne, mais il en tirerait bénéfice. Nos
ancêtres étaient habitués aux périodes de disette. Leur corps
s’autonourrissait des réserves accumulées pendant la saison
d’abondance. Aujourd’hui, nous ingérons toute l’année trop de
graisses, de sucres, de pesticides et de polluants divers. Notre
appareil digestif a besoin de se mettre de temps en temps en mode «
pause ».
Contre
les maladies du "trop"
«
Le jeûne soulage les maladies du “trop” », insiste Françoise
Wilhelmi de Toledo, médecin, qui dirige la clinique Buchinger, à
Überlingen, en Allemagne. Plus ancienne clinique de jeûne
thérapeutique d’Europe, elle fête cette année ses 60 ans
d’existence. Les milliers de patients du monde entier venus perdre
quelques kilos, ou souffrant d’allergies, de problèmes digestifs
ou articulaires s’en portent si bien que la moitié d’entre eux
reviennent chaque année. Dans son livre L’Art
de jeûner, la spécialiste explique de façon très détaillée
comment, au bout de deux semaines, le sang est épuré. La diminution
du taux de sucre et d’insuline donne des résultats spectaculaires
chez les diabétiques de type 2. L’absence de sel permet d’éliminer
une grande quantité d’eau, la régénération cellulaire s’active,
la flore intestinale se régénère et les phénomènes
inflammatoires, comme les migraines, les maladies articulaires ou
l’asthme sont apaisés. Même l’humeur est harmonisée, le jeûne
augmentant les effets de la sérotonine.
Pour
réintégrer son corps
Patricia,
une ingénieure de 47 ans, souffre depuis deux ans d’une maladie
articulaire auto-immune, la spondylarthrite ankylosante, qui lui
occasionne de terribles douleurs et la contraint au repos. Après
avoir vu sur Arte le documentaire de Sylvie Gilman et Thierry de
Lestrade, Le Jeûne, une nouvelle thérapie, elle a interrogé
son rhumatologue qui, depuis deux ans, la bourrait d’antidouleurs
et d’antiinflammatoires : « Il m’a prise pour une dingue. Pour
lui, je me mettais entre les mains de guérisseurs, au sens négatif
du terme. Je suis partie quand même pour trois semaines de jeûne. »
Au
bout de quelques jours à la clinique Buchinger, elle a diminué de
moitié ses doses d’antiinflammatoires. Trois mois après son
retour, elle fait le bilan : « Je reprends un antidouleur de temps
en temps quand ça tiraille, mais les symptômes de ma maladie ont
été atténués au point que je mène aujourd’hui une vie normale.
Je sais maintenant que je peux gérer ma maladie. » Elle conclut : «
J’ai enfin réintégré mon corps. » Quand elle a évoqué son
expérience auprès du stomatologue qui la suit, il lui a demandé en
riant : « Et ça vous a coûté combien de ne rien manger ? » Elle
aurait pu lui répondre : « Environ trois cents euros par jour. »
Le prix d’un très bon hôtel, avec un personnel médical présent
jour et nuit, une salle de fitness et une piscine, des cours de gym
et de la méditation, pour que les muscles soient en action et
l’esprit au repos.
Un
manque de crédit ?
La
plupart des spécialistes français, à l’image de ceux qui suivent
Patricia, sont opposés au jeûne, jugeant ceux qui le pratiquent
comme des gogos et ceux qui le prescrivent comme de dangereux
farfelus. « Il manque en France une figure charismatique et crédible
qui défende le jeûne pour que l’image change », analyse le
réalisateur Thierry de Lestrade, qui vient de publier un ouvrage
prolongeant son documentaire. Il ajoute : « En France, quand les
médecins ne savent pas, ils disent : “Ne faites pas !”!» Son
film a fait grand bruit, poussant de nombreux malades à questionner
leur praticien sur l’opportunité de jeûner.
Rien
de plus insupportable, quand on a fait dix années d’études, que
de devoir se justifier face à un patient qui a entendu parler de sa
maladie à la télévision ! Surtout s’il s’agit de nutrition, un
domaine quasi absent du cursus universitaire.
La
méconnaissance des médecins
«
Si les médecins rejettent cette pratique, c’est surtout par
méconnaissance, confirme Michel Lallement, chirurgien cancérologue.
Durant nos études, nous recevons une formation archaïque avec très
peu de cours sur la nutrition. » Convaincu que notre alimentation «
toxique » est un facteur déterminant dans l’explosion des
maladies chroniques émergentes et des cancers chez les jeunes, il
porte un regard curieux sur toutes les pistes nouvelles et envisage
de créer un centre de prise en charge nutritionnelle des malades. «
Les médecins ont du mal à accepter la nouveauté, poursuit-il. Mais
dans le cas du jeûne, il suffit de faire deux colonnes, bénéfices
et risques, pour s’apercevoir qu’il n’y a aucun risque si le
jeûneur ingère des jus de légumes pour maintenir son apport en
vitamines. »
Une
médecin généraliste belge, Brigitte Steiner, a suivi le jeûne
Buchinger après en avoir constaté les bienfaits sur l’un de ses
patients ayant soigné ainsi ses problèmes respiratoires. Elle avoue
: « J’ai été impressionnée par les résultats. » Elle-même
atteinte d’une affection des bronches, la bronchectasie, elle a
décidé d’intégrer cette « réparation » dans sa vie. Comme
quoi, un médecin à l’écoute peut apprendre de ses patients. «
Mais cela demande de l’humilité, reconnaît- elle. Beaucoup de
médecins se montrent trop sûrs de leur savoir. »
«
De nouvelles études commencent à convaincre les plus jeunes
médecins », se réjouit Françoise Wilhelmi de Toledo. Celles de
Valter Longo sont les plus prometteuses. Ce jeune et brillant
chercheur gérontologue de l’université de Californie a fait, en
2008, une découverte qui a ébranlé la communauté scientifique et
médicale internationale. Il a injecté de très fortes doses du
produit utilisé en chimiothérapie sur des souris à qui il avait
inoculé un cancer. Il les a séparées les rongeurs en deux groupes,
a fait jeûner l’un et alimenté normalement l’autre. Au bout de
quelques jours, le résultat l’a stupéfié lui-même : les souris
bien nourries étaient mortes, toutes les autres avaient résisté.
Cancer
: des études en cours
Des
études complémentaires lui ont permis de démontrer que, non
seulement le jeûne permettait aux souris de mieux supporter la
chimiothérapie et d’en atténuer les effets secondaires, mais
aussi que les cellules saines étaient devenues plus résistantes et
les cellules cancéreuses affaiblies. Mais comme aiment à le répéter
les cancérologues agacés par Longo et sa médiatisation, les souris
ne sont pas des humains. Grâce à des fonds reçus suite à ses
recherches, il a pu prolonger son étude sur l’homme. La première
phase terminée lui a permis de démontrer qu’un jeûne de
quarante-huit heures avant une séance de chimio et de vingt-quatre
heures après réduisait les effets secondaires sur la personne
malade, comme cela avait été le cas sur les souris. « Ces
résultats sont conformes à ce que nous avons publié précédemment,
affirme-t-il. Cependant, nous devons attendre la deuxième phase
d’essais cliniques pour avoir confirmation. La bonne nouvelle est
aussi que nous n’avons rencontré aucun problème majeur causé par
le jeûne lui-même. »
Des
cancéralogues réticents
Les
cancérologues français restent prudents. Pour certains, rien de
nouveau, les patients, redoutant les nausées, réduisent d’eux-mêmes
leur alimentation avant et après les séances de chimio. D’autres
jugent le jeûne dangereux, les malades du cancer souffrant surtout
de dénutrition. La plupart, comme David Khayat, cancérologue, ne se
prononcent pas, attendant les résultats définitifs sur l’homme :
« Malgré mon appétence pour les nouvelles recherches, et celles de
Valter Longo en particulier, je reste extrêmement prudent. Je
m’astreins à ne rien préconiser qui ne soit prouvé sur des
patients humains. » Quelques rares praticiens, comme le docteur
Lallement, anticipent. Il conseille un jeûne de trois jours aux
malades en cure de chimio : un jour avant le traitement, le jour de
la chimio et le lendemain, avec apport de jus de végétaux pour
éviter les carences. Mais il préconise l’appui de leur
cancérologue pour éviter que le produit ne soit mélangé à du
sérum sucré, ce qui retirerait tout le bénéfice du jeûne. «
Malheureusement, souligne-t-il, très peu de médecins acceptent de
jouer le jeu. »
Pendant
que les Français doutent, le chercheur californien, persuadé que «
le jeûne est le cauchemar des cellules cancéreuses », poursuit ses
recherches sur ses effets sur le cancer, indépendamment des cures de
chimiothérapie : « Il est définitivement prouvé que le jeûne a
un effet sur la progression des cellules cancéreuses des souris, et
nous avons déjà des éléments de preuve sur des patients atteints
de cancers qui suivent des jeûnes périodiques. Cependant, le jeûne
sans chimio ne fait que retarder la progression du cancer, et les
résultats encourageants ne concernent pas tous les cancers. »
Henri
Joyeux, professeur de cancérologie à l’université de
Montpellier, regrette de son côté que les médecins « soient
branchés à 100!% sur les médicaments et les nouvelles molécules
», il reste toutefois précautionneux en ce qui concerne le jeûne :
« Pour un malade du cancer, ce peut être dangereux, surtout pour
les personnes sans réserves glucidiques ou graisseuses. Le malade
risque de perdre son immunité dont il a tant besoin. Mais il faut
éviter l’extrémisme, dans un sens ou dans l’autre. »
Alors
que faire ? Cet article, comme le documentaire de Thierry de
Lestrade, comme la publication des recherches de Valter Longo et
l’écho qu’elles reçoivent, risque de pousser des malades de
plus en plus nombreux à jeûner seuls ou à se mettre entre les
mains de charlatans. Beaucoup le font déjà « en cachette » de
leur médecin. Il serait temps que les a priori tombent pour qu’ils
se sentent accompagnés. Des essais thérapeutiques prévus sur des
patients du service d’oncologie de l’hôpital Avicenne, en
Seine-Saint-Denis, devraient démarrer en 2014. Il y a urgence.