jeudi 18 juin 2015

La nature profonde de la Réalité - Tchouang-Tseu (IVème siècle avant JC)



« Quelque chose est en train de mourir en toi. Ça s'appelle l'ignorance. » - Extrait de la série Kung-Fu


"Le Monde est un tout. C'est au fond de nous que se tient le pouvoir de forger nos muscles et notre esprit."



LE TAOISME DE TCHOUANG TSEU

"N'utilisez pas l'esprit d'hier pour percevoir les événements d'aujourd'hui."
"Si la tranquillité de l'eau permet de refléter toute chose, que ne peut la tranquillité de l'esprit..."
"Les hommes connaissent tous l'utilité d'être utile, mais aucun ne connaît l'utilité d'être inutile."
"On peut devenir parfait, mais ignorer la perfection : voilà la perfection."
Zhuangzi (Tchouang-Tseu)


Tchouang Tseu, oeuvre complète


Wikipedia :

On présente traditionnellement Zhuāng Zhōu comme un successeur de Laozi. Cependant, certains chercheurs n'hésitent pas aujourd'hui à affirmer l'antériorité du Zhuāngzǐ, au moins des chapitres « internes » qui lui sont attribués. Le terme dao y apparait en effet moins fréquemment que chez Confucius ou Mencius, et on n’y trouve aucune référence à Laozi ni à son texte, contrairement aux chapitres « externes » et « divers ». « Zhuangzi ignorait qu’il était taoïste.», est allé jusqu’à dire A. C. Graham. Les différents courants représentés dans l'ouvrage ont en tout cas en commun l'opposition aux confucéens, la promotion de l’individualisme et d'un certain anarchisme. Les spécialistes s’accordent en général pour voir dans les chapitres 8 à 10 et une partie du chapitre 11 une école proche du Dao De Jing. Liú Xiàogǎn (劉笑敢/刘笑敢) rattache les chapitres 12 à 16 et le chapitre 33 au courant huanglao. Les chapitres 28 à 31 se démarquent nettement du reste et offrent une grande ressemblance avec des passages connus des Annales de Lü. Graham considère qu’ils proviennent de l'école de Yang Zhu, philosophe du IVe siècle av. J.-C.
Le Zhuāngzǐ a été classé sous les Han dans le même courant que le Laozi et y a rapidement pris une place déterminante. Le terme Laozhuang (老莊) est rapidement devenu un synonyme de taoïsme. Si le Laozi a la prééminence sous les Han, ayant été semble-t-il une référence jusque pour certains confucéens, le Zhuāngzǐ, plus mystique, individualiste et anarchiste, croît en influence avec la désagrégation de l’empire et influencera lebouddhisme chinois, en particulier le Chan.
Les nombreux philosophes occidentaux qui se sont intéressés au XXe siècle à la philosophie du Zhuāngzǐ l'ont souvent qualifiée de scepticisme, de perspectivisme ou de relativisme.
Le concept central du Dao (道) peut être défini comme le cours naturel et spontané des choses. Zhuāngzǐ se moque de l'Homme, seul être à tenter de se détacher du Dao en imposant son action et son discours. Or, toutes les tentatives pour discourir sur la réalité visant à acquérir les bases de la connaissance fondatrice de l'action sont vaines étant donné que le discours ne fait qu'opérer des découpages partisans de cette réalité.
La question posée par Zhuāngzǐ est donc la suivante : si le discours n'est pas un instrument approprié permettant d'acquérir des connaissances certaines, que reste-t-il à l'Homme et comment doit-il envisager sa position dans l'univers ? La réponse se situe dans le non-agir (wuwei - 無為) qui, loin d'être synonyme d'indolence, de passivité ou de repli, définit l'action en tant qu'elle est conforme à la nature des choses et des êtres. L'Homme est ainsi invité à se débarrasser de son égocentrisme et de sa volonté de plier la réalité à ses fantasmes. Le « Wu » est peut-être pris ici dans son sens étymologique de « dépouillement », plus que de « vide » au sens moderne. Dans une autre optique, le non-agir permet l'action, à l'image de l'immobilité de l'essieu condition sine-qua-non du mouvement de la roue.
Cette recherche d'une position cosmique s'incarne dans la figure du sage qui ne s'embarrasse d'aucune question métaphysique ni d'aucun conflit d'aucune sorte. Retournant à l'origine, il puise directement sa force et sa vitalité dans le Dao. Épousant les métamorphoses des dix mille êtres, il est libéré de toute contrainte et n'est plus soumis qu'aux nécessités.
Le non-agir tel que le conçoit Zhuāngzǐ est une démarche strictement individuelle, sans prétention politique, à la différence de la conception de Laozi pour qui le politique est le lieu emblématique où devrait s'exercer toute l'efficacité du non-agir.
Le Zhuāngzǐ contient de nombreuses paraboles courtes souvent teintées d’humour, dont la notoriété dans la culture chinoise s’étend largement au-delà des cercles taoïstes ou lettrés, et qui sont à l’origine de proverbes. Certaines sont mondialement connues, comme Le Rêve du papillon : le sage y rêve qu'il est un papillon, et se réveillant, se demande s’il n'est pas plutôt un papillon qui rêve qu'il est Zhuāngzǐ. La question de la nature profonde de la réalité est posée, et fait écho à certains développements des écoles mystiques indiennes (tradition vijñanavada du bouddhismetantrisme Kashmirien ou encore Védanta).

Zhuangzi Dreaming of a Butterfly, Ming dynasty, mid-16th century Ink on silk Lu Chih, 29.4 x 51.4 cm
« Zhuangzi rêva une fois qu'il était un papillon, un papillon qui voletait et voltigeait alentour, heureux de lui-même et faisant ce qui lui plaisait. Il ne savait pas qu'il était Zhuangzi. Soudain, il se réveilla, et il se tenait là, un Zhuangzi indiscutable et massif. Mais il ne savait pas s'il était Zhuangzi qui avait rêvé qu'il était un papillon, ou un papillon qui rêvait qu'il était Zhuangzi. Entre Zhuangzi et un papillon, il doit bien exister une différence ! C'est ce qu'on appelle la Transformation des choses. »