jeudi 10 septembre 2015

Comprendre la honte avec Boris Cyrulnik

le sentiment de honte

la honte empêche la résilience

le théâtre intime de la honte - espace des sciences


wikipedia :

Aspects positifs

Les aspects positifs de la honte sont de l'ordre de l'éducation, de l'apprentissage de la vie sociale, de l'humanisme. La honte régule les relations sociales. Elle protège chacun en signalant les bonnes limites à ne pas dépasser. Les esquimaux utilisent par exemple la honte pour apprendre aux enfants à ne pas traverser la banquise, risque mortel pour eux. Quand un enfant traverse la glace pour la première fois, les esquimaux lui font honte pour lui apprendre à faire attention à ce danger qui peut lui coûter la vie.

Selon l'anthropologue Ruth Benedict, les cultures peuvent être classées en fonction de l'importance de l'utilisation de la honte ou de la culpabilité pour réguler socialement les activités de leurs membres. Les cultures asiatiques, par exemple la Chine ou le Japon, sont considérées comme des cultures de la honte. Les cultures européennes et américaines modernes sont considérées comme des cultures de la culpabilité. La société japonaise traditionnelle et celle des Grecs Anciens sont parfois plutôt considérées comme basées plus sur la honte que sur la culpabilité car les conséquences sociales d'« être attrapé » sont vues comme plus importantes que les sentiments individuels. Néanmoins aucune culture ne se base que sur un seul de ces sentiments. Les anthropologues rejettent de nos jours ce type de classification des cultures générales.
La honte, en tant qu'inhibition, est positive quand elle limite nos comportements sans altérer notre identité. Comme toutes les émotions, elle nous informe sur nous, et nous invite à ne nous placer ni en « sous-homme » (soumission, position de victime) ni en « sur-homme » (domination, position de sauveur ou persécuteur). Excès de honte et absence de honte sont préjudiciables : « comment, tu n'as pas honte ? » peut s'entendre dire d'une personne qui est choquée du comportement d'autrui sans qu'il manifeste aucun signe de repentance.
La honte est également vue comme positive car elle peut éviter aux victimes d'humiliations et de violences de sombrer à leur tour dans la barbarie et le chaos. De nombreuses personnes humiliées ou méprisées ont raconté qu'elles sont restées profondément humaines grâce à leur honte qui les a retenues du côté des Hommes, les empêchant de tomber dans la violence animale. Elle inhibe ici toute pulsion de violence sans empêcher de ressentir ce désir de violence. Une honte qui limite l'expression de la colère peut aussi favoriser le développement d'une névrose.

Aspects négatifs

La honte a des aspects négatifs quand elle est excessive chez un individu. Elle est alors source de souffrance individuelle… Elle amène a des conduites d'évitement, une phobie sociale, une anxiété liée à un sentiment d'insécurité et d'appartenance, de l'inhibition… Un isolement social peut alors s'ensuivre. Émotion liée au silence et à la solitude2.

Les excès de honte proviennent des humiliations, du mépris, des moqueries, de l'illégitimité, des secrets, de la régression sociale, de la rivalité, du mensonge… ou des messages d'orgueil, d'ambition, de désir… que l'individu reçoit des autres (les expressions « faire honte », « porter la honte » montrent que la honte est externe au sujet au départ). La honte passe parfois d'abord par les comportements pour ensuite fragiliser et endommager l'Être. Elle creuse son sillon dans la personnalité par passages successifs. Elle fonctionne en spirale en poussant le sujet à la fois vers le bas (« ego » brisé, déficit narcissique, forme de soumission) ou vers le haut (« ego » surdimensionné, excès narcissique, forme de domination, forme réactionnelle et défensive).
La honte ne s'enracine pas dans la conscience d'avoir mal agi (il s'agit là de culpabilité), mais dans le sentiment d'être indigne, comme être humain dans un contexte social. Une fois installée et enkystée dans la personnalité, la honte excessive mine l'ego (ou le surdimensionne par réaction défensive). Dans le film de David Lynch Elephant Man, le personnage principal (Elephant Man, enfant né avec une malformation physique, symbole du monstre), ne fait rien de mal, et pourtant il souffre de honte. Il vit caché, humilié, et il dit la souffrance de la honte quand il crie « Je ne suis pas un éléphant, je suis un être humain ». La honte amène le sujet à croire qu'il a quelque chose qui ne va pas, comme Gainsbourg qui chante « Je suis l'homme à tête de chou ». La honte peut engendrer une mauvaise estime de soi, et même une haine de soi.