Ce
texte ci-dessous nous montre à quel point la Mère d'Auroville se
sentait concernée par l'éducation dans tous ses aspects.
"Mère
Mirra, également connue sous le nom de la Douce Mère de l’Ashram
Aurobindo, a grandi en France, où elle eut plusieurs expériences
mystiques. Elle a ensuite rencontré Sri Aurobindo, et ensemble ils
guidèrent un nombre incommensurable d’âmes à la Vérité
Ultime.
Dans
sa jeunesse, elle vécut dans une petite ville du nord de la France.
Un de ses voisins était un petit garçon qui était très belliqueux
et doté d’un très mauvais tempérament, s’engageant toujours
dans des bagarres à l’école. La Douce Mère s’assit avec lui un
jour et lui demanda, “Qu’est-ce qui est le plus difficile pour un
garçon courageux comme toi, de laisser ton poing voler dans le
figure d’un copain qui t’insulte, ou bien, à ce moment précis,
de garder ton poing dans ta poche?”
Le
petit garçon répondit, “De le garder dans ma poche, bien sûr!”
Mère
continua, “Et entre les deux, lequel a plus de valeur pour un
garçon courageux comme toi, de faire la chose la plus facile ou la
chose la plus difficile?”
Le
petit garçon resta silencieux un moment. Finalement, il dit, presque
à contre cœur, “La chose la plus difficile, je suppose.”
Et
la Douce Mère conclut naturellement, “Bien, alors peut être tu
pourrais essayer de la faire la prochaine fois que tu en auras
l’occasion.”
Quelque
temps plus tard, le petit garçon tout excité vint lui raconter
qu’il avait été capable de faire “la chose la plus difficile.”
Il expliqua qu’un de ses camarades de classe l’avait frappé dans
un moment de colère. Etant donné que ce camarade savait que le
garçon ne ratait pas une occasion de se battre, il recula rapidement
et se prépara à se défendre.
“Mais
quand je me suis souvenu ce que tu m’avais dit,” raconta le
garçon, “je me suis concentré à garder ma main dans ma poche et
à desserrer mon poing. Je dois te dire que c’était bien plus
difficile que je pensais! Mais dès que j’ai eu réussi à le
faire, j’ai senti la colère qui me quittait. J’ai seulement eu
de la peine pour mon ami. Alors j’ai retiré la main de ma poche et
la lui ai tendue. Tu aurais dû voir sa tête! Il est resté là
immobile un long moment, la bouche ouverte, sans un mot...
Finalement, il me serra la main vigoureusement et dit avec beaucoup
d’ardeur, ‘Maintenant toi et moi nous sommes amis pour toujours.
Tu peux me demander tout ce que tu voudras.’ "
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En
outre, si en chacun, le bon et le mauvais se côtoient souvent, rien
ne vaut la lecture de ce texte de Sri Aurobindo qui
sait tout relativiser :
Quand
nous avons
dépassé
les savoirs
Alors
nous avons la connaissance
La
raison fût une aide
La
raison est l'entrave
Quand
nous avons
dépassé
les velléités
Alors
nous avons le pouvoir
L'effort
fût une aide
L'effort
est l'entrave
Quand
nous avons dépassé les
jouissances
Alors
nous avons la béatitude
Le
désir fût une aide
Le
désir est l'entrave
Quand
nous avons dépassé
l'individualisation
Alors
nous sommes des personnes réelles
Le
moi fût une aide
Le
moi est l'entrave
Quand
nous dépasserons
l'humanité
Alors
nous serons l'homme
L'animal
fût une aide
L'animal
est l'entrave
Sri
Aurobindo
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in
"Prières et Méditations" de la Mère, pages 106-108
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"Lorsque
j'étais enfant - vers l'âge de treize ans [1891-1892] et pendant
un an environ - tous les soirs dès que j'étais couchée, il me
semblait que je sortais de mon corps et que je m'élevais tout
droit au-dessus de la maison, puis de la ville [Paris], très
haut.
Je
me voyais alors vêtue d'une magnifique robe dorée, plus longue
que moi; et à mesure que je montais, cette robe s'allongeait en
s'étendant circulairement autour de moi pour former comme un toit
immense au-dessus de la ville.
Alors
je voyais de tous côtés sortir des hommes, des femmes, des
enfants, des vieillards, des malades, des malheureux; ils
s'assemblaient sous la robe étendue, implorant secours, racontant
leurs misères, leurs souffrances, leurs peines. En réponse, la
robe, souple et vivante, s'allongeait vers eux individuellement,
et dès qu'ils l'avaient touchée, ils étaient consolés ou
guéris, et rentraient dans leurs corps plus heureux et plus forts
qu'avant d'en être sortis.
Rien
ne me paraissait plus beau, rien ne me rendait plus heureuse; et
toutes mes activités de la journée me semblaient ternes et
grises, sans vie réelle, à côté de cette activité de la nuit
qui était pour moi la vie véritable.
Souvent
pendant que je m'élevais ainsi, je voyais à ma gauche un
vieillard silencieux et immobile, qui me regardait avec une
bienveillante affection et m'encourageait de sa présence. Ce
vieillard, vêtu d'une longue robe d'un violet sombre, était la
personnification, - je l'ai su plus tard, - de celui que l'on
appelle l'Homme de Douleur.
Maintenant
l'expérience profonde, la réalité presque inexprimable, se
traduit dans mon cerveau par d'autres notions que je puis définir
ainsi :
Bien
des fois dans la journée et dans la nuit il me semble que je
suis, ou plutôt que ma conscience est concentrée tout entière
dans mon coeur, qui n'est plus un organe, ni même un sentiment,
mais l'Amour divin, impersonnel, éternel; étant cet Amour, je me
sens vivre au centre de toute chose sur toute la terre, et en même
temps il me semble m'étendre en des bras immenses, infinis, et
envelopper d'une tendresse sans limite tous les êtres serrés,
groupés, blottis sur ma poitrine plus vaste que l'univers... Les
mots sont pauvres et malhabiles, ô divin Maître, et les
traductions mentales sont toujours enfantines... Mais mon
aspiration vers Toi est constante, et à dire vrai, c'est bien
souvent Toi-même et Toi seul qui vis en ce corps, imparfait moyen
de Te manifester.
Que
tous les êtres soient heureux dans la paix de Ton illumination !
"
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