Il y a des actes qui sont des fautes évidentes, et bien sûr demandent réparation, mais on parle trop peu des fautes qui résident dans le non-agir, à la façon de ces passagers dans le métro figés dans un non-agir révoltant...(voir article du Nouvel Observateur en bas de page).
Un courrier un peu inhabituel cette fois, mais il me semble que cette situation devrait être sue et partagée, sans doute pour mieux l'enrayer, à la faveur de l'association "stop au déni" qui la pointe du doigt en réalisant un petit court-métrage sur le du déni du viol :
. Voici une analyse psychiatrique sur les mémoires traumatiques par le célèbre médecin Boris Cyrulnic :
. L'hypnose, l'Emdr, l'EFT sont aussi des thérapeutique efficaces, sachez également que la nutripuncture (oligo-métaux) possède des séquences efficaces pour traiter les agressions.
Pour une compréhension spirituelle de cet aspect, il est bon de relire la Baghavad Gita :
"LE KARMA-YOGA
Verset : 3.1
Arjuna dit : "Si tu tiens la voie de l'intelligence pour supérieure à celle de
l'action intéressée, ô Janârdana, ô Késhava, pourquoi m'inciter à cette horrible
bataille ?
Verset : 3.2
"Mon intelligence se trouble devant Tes instructions équivoques. Indique
moi de façon décisive, je T'en prie, la meilleur voie."
Verset : 3.3
Le Seigneur Bienheureux dit : "O Arjuna, toi qui es sans reproche,
comme je l'ai déjà expliqué, deux sortes d'hommes réalisent la Vérité
Absolue. Certains L'approchent au moyen de l'empirisme, ou de la
spéculation philosophique, d'autres en agissant dans un esprit de dévotion.
Verset : 3.4
"Ce n'est pas simplement en s'abstenant d'agir que l'on peut se libérer des
chaînes du Karma ; le renoncement seul ne suffit pas atteindre la perfection.
Verset : 3.5
"Inéluctablement, l'homme se voit contraint d'agir par l'influence des
trois gunas, et ne peut demeurer inactif, même pour un instant.
Verset : 3.6
"Celui qui retient ses sens et ses organes d'action, mais dont le mental
s'attache encore aux objets des sens, se berce certes d'illusions, et n'est qu'un
simulateur.
Verset : 3.7
"Celui, ô Arjuna, qui discipline ses sens en maîtrisant son mental, et qui,
sans attachement, engage ses organes d'action en des actes de dévotion, lui
est de beaucoup supérieur.
Verset : 3.8
"Remplis ton devoir, car l'action vaut mieux que l'inaction. Sans agir,
l'homme est incapable de veiller à ses plus simples besoins.
Verset : 3.9
"Mais l'action, il convient de l'offrir en sacrifice à Vishnu, de peur qu'elle
enchaîne son auteur au monde matériel. Aussi, ô fils de Kuntî, remplis ton
devoir afin de Lui plaire, et à jamais tu seras libéré des chaînes de la matière."
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Agression dans le métro de Lille: ce qui a poussé les passagers... à ne rien faire
L'agression d'une jeune femme dans le métro de Lille et surtout le fait que personne ne lui vienne en aide ont choqué les Français. Comment expliquer la réaction des passagers de la rame ? Comment peut-on ne rien faire alors qu'une personne est en train de se faire agresser ? Muriel Salmona, psychiatre, nous éclaire.
Nous sommes sous le choc de cette information concernant une jeune femme qui a été agressée sexuellement à Lille dans le métro sous le regard de nombreux passagers par un homme ivre sans que personne ne vienne à son secours, ni n’appelle la police.
Malgré ses appels à l’aide, elle a dû se protéger seule comme elle pouvait, fuir hors du métro toujours poursuivie par cet homme qui menaçait de la violer, en plus des agressions sexuelles qu’il avait déjà commises, et ce n’est que dans la rue qu’elle a enfin pu être protégée par un automobiliste qui l’a laissée monter dans sa voiture et par des vigiles qui ont finalement maîtrisé l’agresseur.
Pourquoi n'ont-ils prévenu personne ?
Comment est-il possible qu’aucun des témoins de cette scène d’agression ne soit à aucun moment intervenu, on les voit même sur les enregistrements vidéo, d’après la police, se retourner et s’éloigner malgré les appels à l’aide de la jeune femme. Il s’agit manifestement de non-assistance à personne en danger.
Que tous ces témoins aient eu peur d’intervenir face à un homme visiblement très agressif et alcoolisé, par peur de prendre un mauvais coup, cela pourrait se comprendre, mais pourquoi ne pas avoir appelé la police ou ne pas avoir prévenu des responsables du métro, alors qu’ils avaient tous un téléphone portable ?
De nombreux cas semblables
Mais est-ce aussi exceptionnel que cela ? Rappelons-nous que Le Collectif Féministe Contre le Viol (CFCV) s’est constitué en 1985 dans la région parisienne pour réagir contre deux viols commis dans les lieux publics : le métro et le RER, devant des témoins passifs. Et c’est ainsi que le 8 mars 1986, grâce à l’appui financier du Ministère des Droits des Femmes, le CFCV a ouvert une permanence téléphonique.
Depuis, il y a eu d’autres "faits divers" qui nous ont également confronté à cette absence de réaction face à des agressions sexuelles ou à des viols dans l’espace publique.
Et j’ai de nombreuses patientes à qui c’est arrivé, je pense particulièrement à une jeune femme de 20 ans qui avait été séquestrée et violée, qui avait pu s’enfuir, et qui, poursuivie dans la rue par l’agresseur, ensanglantée, les habits déchirés et cherchant désespérément de l’aide, n’avait été secourue par personne alors que la scène se situait boulevard Rochechouart à 19h, avec une foule de passants.
Ces derniers s’étaient tous détournés, et quand l’agresseur l’a rattrapée par les cheveux en lui proférant les pires menaces et qu’elle a hurlé, personne n’a réagi. Elle a réussi à s’enfuir à nouveau et à traverser le boulevard en essayant d’arrêter des voitures, mais les conducteurs ont continué à rouler, elle n’a dû son salut qu’à un autobus qui démarrait et dans lequel elle a pu sauter…
Dans le film Chaos, Coline Serreau met en scène une situation similaire.
Plus il y a de témoins, moins ils agissent
De quoi s’agit-il ? D’indifférence, d’absence totale de solidarité, de lâcheté, d’égoïsme ? Cela paraît tellement incroyable… que l’on a du mal à y croire. Pourrait-il s’agir seulement de peur, de sidération ? La peur, la surprise et la sidération face à un acte aussi gratuit et violent peuvent entraîner un mécanisme traumatique neuro-biologique de sidération, c’est-à-dire une paralysie psychique liée à blocage du cortex qui empêche de réagir, de crier, d’agir, non seulement chez la victime mais aussi chez les témoins (on peut être traumatisé en tant que témoin).
Cela pourrait expliquer un temps d’inaction, mais comment cela pourrait expliquer que les passants se détournent et partent chacun de leur côté ? Comment expliquer ce manque d’empathie, cette anesthésie émotionnelle ? Sont-ils tous dissociés en permanence par des violences auxquels ils sont confrontés en permanence et pour lesquels ils ont mis en place des stratégies de défense ?
Comme nous l’avons vu, la peur des réactions violentes de l’agresseur n’explique pas le fait que personne n’ait appelé la police ou des secours, ni interpellé vocalement l’agresseur pour lui dire d’arrêter. Pourquoi personne n’en a-t-il eu l’idée, ni le réflexe ? Comment se fait-il que personne n’ait réagi, alors que cela aurait changé radicalement les choses.
Si une seule personne réagit, elle envoie un signal fort que la situation est intolérable, scandaleuse, qu’il faut la dénoncer et faire quelque chose, et que la personne qui en est victime doit être défendue. C’est souvent efficace, cela donne l’exemple et mobilise soudain plusieurs personnes qui sont fières ensuite d’avoir agi, c’est d’ailleurs ce qui s’est passé pour la jeune femme à partir du moment ou un automobiliste l’a secourue, des vigiles sont intervenus.
Cela montre aussi le principe de dilution de responsabilité : plus il y a de témoins et moins il y a de chance que quelqu’un intervienne chacun pensant que, de toute façon, il peut ne pas intervenir puisqu'il y a plein d'autres gens qui le pourraient autour de lui.
La banalisation des agressions sexuelles
Alors pourquoi tant d’indifférence pour cette jeune femme en danger ? Ne serait-ce pas lié surtout à la banalisation, la tolérance et la minimisation de ce type d’agression qui règnent encore dans notre société bien imprégnée de stéréotypes sexistes et d’une colonisation de la sexualité par la violence : les agressions souvent assimilées à une drague lourde alors qu’il s’agit de harcèlement et d’agressions sexuelles, donc de délits qui sont passibles de peine de prison (l’agresseur a d’ailleurs était jugé et condamné à 18 mois de prison ferme).
Et nous nous retrouvons face à ce déni de la réalité des violences sexuelles, de leur gravité, qui s’accompagne d’une véritable anesthésie émotionnelle face à ces faits et face à la détresse des victimes, et d’un manque criant de solidarité.
Déni et stéréotypes sexistes qui font que la victime est toujours soupçonnée à priori d’être soit responsable de l’agression, soit de ne pas avoir fait ce qu’il fallait pour l’éviter, soit d’y être finalement consentante même si elle dit non, même si elle s’en défend : à elle donc de s’en débrouiller, et tant pis pour elle si elle n’est pas capable de se défendre, c’est son problème, ce n’est pas la peine de voler à son secours, circulez il n’y a rien à voir…
Le monde fonctionne à l'envers
Notre association Mémoire Traumatique et Victimologie a justement lancé le 8 mars une campagneStop au Déni pour lutter contre cet abandon où sont laissées les victimes, dans un questionnaire d’auto-évaluation de leur prise en charge pour lequel nous avons déjà reçu plus de 500 réponses.
La très grande majorité, voire même la presque totalité des victimes répondent qu’elles n’ont jamais eu aucune protection et très peu de soutien, d’autant plus si elles étaient en situation de vulnérabilité et de handicap (elles sont alors 0% à dire qu’elles ont été protégées, aidées, comprises et soutenues !).
Elles se sont senties abandonnées, souvent même maltraitées, on leur a demandé surtout de se taire, de serrer les dents et de supporter l’insupportable. Leurs droits fondamentaux à une protection, à une justice, à des soins et à une réparation n’ont pas été respectés.
Ces situations sont des scandales. Il n’est pas question d’accepter que le monde fonctionne autant à l’envers, il faut sortir du déni, être solidaire, que tout le monde reconnaisse la réalité des violences sexuelles, leur fréquence, leur gravité : ce sont les violences les plus traumatisantes avec les tortures.
Si on ne protège pas les victimes, on envoie le message qu’elles n’ont pas vraiment de valeur, et on continuera alors à ne pas les secourir. Il faut faire des campagnes pour susciter des réactions civiques et solidaires face aux victimes de violences, et donner des informations sur ce qu'il faut faire quand on est témoin : les numéros à appeler et les comportements à adopter en pareille situation pour secourir au mieux la victime et neutraliser l’agresseur.