mardi 7 avril 2015

Sur la compassion avec Leili Anvar


Il est difficile de comprendre la souffrance si soi-même nous n'avons pas souffert. Le médecin du corps et de l'âme est bien celui qui a un jour souffert profondément, puis sorti de l'épreuve grandi, ayant abouti à sa propre guérison, à son tour devient guérisseur. Les grands saints témoignent tous de cette expérience (souvent appelée chez les chrétiens, la nuit noire de l'âme), en découle une compassion (éthymologiquement souffrir-avec) qui les rend uniques. Le maître indien Ram Chandra Lalaji (1873-1931), de la lignée soufie et védantique, souffrait cruellement à la fin de sa vie d'un cancer du foie avec acceptation, il affirmait : "Love is truly the supreme form of the purest human feelings. Love and pain are born together. Unless the pain is there, one cannot know the existence of love. Love is born in a human being in an unknown, unclear way, and pain lifts it up and gives life to it." Cette réflexion qui au début me surprenait beaucoup m'apparaît comme profondément chargée de sens car elle pose l'idée que l'acceptation de la souffrance est un vecteur d'évolution personnel et même collectif, en d'autres termes une bénédiction puisqu'elle nous permet de connaitre l'amour. 



La compassion selon Leili Anvar :




Bien connue des auditeurs de France Culture, la normalienne et spiritualiste Leili Anvar, franco-iranienne et spécialiste de la littérature persane, cite un poète Iranien du XIIIème siècle, Saadi :

"Tous les êtres humains sont les membres d'un même corps, quand un membre souffre, les autres membres devraient souffrir. Et si la souffrance d'autrui ne crée pas en toi une souffrance, tu ne mérites pas le nom d'être humain."
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SAADI :
"Les enfants d’Adam font partie d’un corps
Ils sont créés tous d’une même essence
Si une peine arrive à un membre du corps
Les autres aussi, perdent leur aisance
Si, pour la peine des autres, tu n’as pas de souffrance
Tu ne mériteras pas d’être dans ce corps"

(La traduction en anglais de ce poème de Saadi figure à l’entrée du siège de l’Organisation des Nations Unies à New York)
Un roi demanda à un ermite : "Te rappelles-tu parfois de moi ?"
L’ermite répondit : "Oui, quand j’oublie Dieu."