lundi 13 avril 2015

La Mère d'Auroville (1878 – 1973)


mother

Ce texte ci-dessous nous montre à quel point la Mère d'Auroville se sentait concernée par l'éducation dans tous ses aspects.

"Mère Mirra, également connue sous le nom de la Douce Mère de l’Ashram Aurobindo, a grandi en France, où elle eut plusieurs expériences mystiques. Elle a ensuite rencontré Sri Aurobindo, et ensemble ils guidèrent un nombre incommensurable d’âmes à la Vérité Ultime. 

Dans sa jeunesse, elle vécut dans une petite ville du nord de la France. Un de ses voisins était un petit garçon qui était très belliqueux et doté d’un très mauvais tempérament, s’engageant toujours dans des bagarres à l’école. La Douce Mère s’assit avec lui un jour et lui demanda, “Qu’est-ce qui est le plus difficile pour un garçon courageux comme toi, de laisser ton poing voler dans le figure d’un copain qui t’insulte, ou bien, à ce moment précis, de garder ton poing dans ta poche?”
Le petit garçon répondit, “De le garder dans ma poche, bien sûr!” 
Mère continua, “Et entre les deux, lequel a plus de valeur pour un garçon courageux comme toi, de faire la chose la plus facile ou la chose la plus difficile?”
Le petit garçon resta silencieux un moment. Finalement, il dit, presque à contre cœur, “La chose la plus difficile, je suppose.”
Et la Douce Mère conclut naturellement, “Bien, alors peut être tu pourrais essayer de la faire la prochaine fois que tu en auras l’occasion.”

Quelque temps plus tard, le petit garçon tout excité vint lui raconter qu’il avait été capable de faire “la chose la plus difficile.” Il expliqua qu’un de ses camarades de classe l’avait frappé dans un moment de colère. Etant donné que ce camarade savait que le garçon ne ratait pas une occasion de se battre, il recula rapidement et se prépara à se défendre. 
Mais quand je me suis souvenu ce que tu m’avais dit,” raconta le garçon, “je me suis concentré à garder ma main dans ma poche et à desserrer mon poing. Je dois te dire que c’était bien plus difficile que je pensais! Mais dès que j’ai eu réussi à le faire, j’ai senti la colère qui me quittait. J’ai seulement eu de la peine pour mon ami. Alors j’ai retiré la main de ma poche et la lui ai tendue. Tu aurais dû voir sa tête! Il est resté là immobile un long moment, la bouche ouverte, sans un mot... Finalement, il me serra la main vigoureusement et dit avec beaucoup d’ardeur, ‘Maintenant toi et moi nous sommes amis pour toujours. Tu peux me demander tout ce que tu voudras.’ "
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En outre, si en chacun, le bon et le mauvais se côtoient souvent, rien ne vaut la lecture de ce texte de Sri Aurobindo qui sait tout relativiser :
Quand nous avons
dépassé les savoirs
Alors nous avons la connaissance
La raison fût une aide
La raison est l'entrave

Quand nous avons 
dépassé les velléités
Alors nous avons le pouvoir
L'effort fût une aide
L'effort est l'entrave

Quand nous avons dépassé les 
jouissances
Alors nous avons la béatitude
Le désir fût une aide
Le désir est l'entrave

Quand nous avons dépassé 
l'individualisation
Alors nous sommes des personnes réelles
Le moi fût une aide
Le moi est l'entrave

Quand nous dépasserons 
l'humanité
Alors nous serons l'homme
L'animal fût une aide
L'animal est l'entrave

Sri Aurobindo
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in "Prières et Méditations" de la Mère, pages 106-108 
publié par Sri Aurobindo Ashram - Pondichéry

"Lorsque j'étais enfant - vers l'âge de treize ans [1891-1892] et pendant un an environ - tous les soirs dès que j'étais couchée, il me semblait que je sortais de mon corps et que je m'élevais tout droit au-dessus de la maison, puis de la ville [Paris], très haut.


Je me voyais alors vêtue d'une magnifique robe dorée, plus longue que moi; et à mesure que je montais, cette robe s'allongeait en s'étendant circulairement autour de moi pour former comme un toit immense au-dessus de la ville. 
Alors je voyais de tous côtés sortir des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards, des malades, des malheureux; ils s'assemblaient sous la robe étendue, implorant secours, racontant leurs misères, leurs souffrances, leurs peines. En réponse, la robe, souple et vivante, s'allongeait vers eux individuellement, et dès qu'ils l'avaient touchée, ils étaient consolés ou guéris, et rentraient dans leurs corps plus heureux et plus forts qu'avant d'en être sortis.
Rien ne me paraissait plus beau, rien ne me rendait plus heureuse; et toutes mes activités de la journée me semblaient ternes et grises, sans vie réelle, à côté de cette activité de la nuit qui était pour moi la vie véritable.
Souvent pendant que je m'élevais ainsi, je voyais à ma gauche un vieillard silencieux et immobile, qui me regardait avec une bienveillante affection et m'encourageait de sa présence. Ce vieillard, vêtu d'une longue robe d'un violet sombre, était la personnification, - je l'ai su plus tard, - de celui que l'on appelle l'Homme de Douleur.

Maintenant l'expérience profonde, la réalité presque inexprimable, se traduit dans mon cerveau par d'autres notions que je puis définir ainsi :
Bien des fois dans la journée et dans la nuit il me semble que je suis, ou plutôt que ma conscience est concentrée tout entière dans mon coeur, qui n'est plus un organe, ni même un sentiment, mais l'Amour divin, impersonnel, éternel; étant cet Amour, je me sens vivre au centre de toute chose sur toute la terre, et en même temps il me semble m'étendre en des bras immenses, infinis, et envelopper d'une tendresse sans limite tous les êtres serrés, groupés, blottis sur ma poitrine plus vaste que l'univers... Les mots sont pauvres et malhabiles, ô divin Maître, et les traductions mentales sont toujours enfantines... Mais mon aspiration vers Toi est constante, et à dire vrai, c'est bien souvent Toi-même et Toi seul qui vis en ce corps, imparfait moyen de Te manifester.

Que tous les êtres soient heureux dans la paix de Ton illumination ! "