lundi 13 avril 2015

Serions-nous plus libre sans l'État ?

Une excellente dissertation rédigée par l'agrégé de philosophie Pierre Crétois, répondant au sujet proposé au bac de philo en 2012, "serions-nous plus libre sans l'Etat ?"



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Pierre Crétois est agrégé et docteur en philosophie. ATER à l’université François Rabelais de Tours. Il travaille en histoire de la philosophie et en philosophie politique sur les thèmes de la propriété et des biens communs en particulier.



Serions-nous plus libres sans l'Etat?

C'est aujourd'hui le bac philo et Pierre Crétois a accepté de jouer le jeu, en piochant dans les sujets 2012. En moins de 4h, voici sa copie...



Dans la définition sociologique qu'en donne Weber, l'Etat est une institution qui a "le monopole de la violence physique légitime". Seul l'Etat, par l'usage de la force publique, a le droit de prendre quelqu'un de corps, de l'enfermer et de lui imposer un nombre savant de contraintes (interrogatoire, garde à vue, prison, perquisition...). Personne d'autre ne saurait se prévaloir d'un droit d'enfermer autrui, d'entrer chez lui sans son accord, de l'interroger pendant des heures sans son consentement. Comment un organe collectif qui dispose du droit de contraindre pourrait-il nous libérer ? Ne serions-nous pas plus libres s'il n'y avait pas d'Etat ?

Ce que l'on appelle l'Etat est, de manière plus générale, une forme récente d'organisation politique qui désigne les institutions chargées de maintenir l'ordre et la justice dans une société civile composée d'individus libres. Si les individus sont laissés libres, c'est-à-dire sans contrainte extérieure, alors rien ne garantit que leurs actions soient coordonnées. Si être libre c'est pouvoir laisser libre cours à ses choix individuels alors, en effet, on voit mal comment parvenir à une coordination des individus sans une institution contraignante. Il faudrait alors limiter la liberté d'action pour la sauver, en quelque sorte. Pourtant, cette conception est trop simpliste car elle se rapporte à une vision d'un homme qui agirait sans souci des autres. Or, il est bien évident qu'à regarder les enfants jouer spontanément, leur désir d'appartenir au groupe fait qu'ils se donnent spontanément des règles. L'homme est un animal sociable, c'est constitutif de son épanouissement de vivre avec les autres et de se préoccuper de la coordination de ses actions avec celles des autres. L'homme n'aurait donc pas besoin de l'Etat pour avoir un sens des impératifs de la vie collective. Pourtant, ce désir de vivre avec les autres et d'être reconnu par eux, conduit beaucoup d'individus à vouloir être les premiers et, ce faisant, à des relations rivales favorisant les excès de pouvoir et la domination de l'homme par l'homme aboutissant, in fine, à une privation de liberté. Les hommes se coordonneraient-ils spontanément ? L'Etat ne peut-il pas abuser de son pouvoir de contrainte ? Sans Etat, chargé de maintenir l'ordre public, il est évident que chacun serait toujours menacé par les excès du pouvoir des autres. Mais l'existence d'un pouvoir de contrainte concentré dans une institution extérieure à la société civile ne se présente-t-elle pas aussi comme une menace inutile pour la liberté humaine ?

L'Etat règle le problème de la coordination des individus libres. Certes les hommes seraient plus libres sans l'Etat, mais cette liberté serait un vain mot.
En effet, s'il n'y a pas de contrainte, le risque qu'il y ait des incompatibilités entre les choix individuels est grand, même sans mauvaise volonté ni rivalité entre les hommes. Laisser chacun sans contrainte serait, immanquablement, s'exposer à des choix incompatibles et donc à des conflits privant les uns et les autres de liberté. Si, par exemple, quelqu'un qui n'a pas de maison décide de prendre possession d'un toit - sans vouloir nuire à autrui - sa décision n'est pas compatible avec celle du propriétaire de jouir paisiblement de son bien. Le propriétaire risque de ressentir l'intrusion de l'autre comme une entrave à sa liberté de profiter tranquillement de ce qui est à lui. Faire respecter le droit de propriété, par l'usage de la force publique, c'est donc faire en sorte que celui qui a décidé librement de s'approprier un bien ne puisse pas voir l'expression de sa liberté entravée par celle d'autrui. C'est une chose que fait bien remarquer Hayek : le droit s'efforce de coordonner les choix individuels en évitant que les individus prennent des décisions incompatibles entre elles. Ce faisant, l'Etat, chargé de faire respecter le droit, évite que la liberté individuelle ne conduise à des situations de conflits privatives de liberté. Le droit, garanti par la puissance publique de l'Etat, protège donc la liberté des uns de celle des autres.
L'homme a surtout besoin d'un chef et c'est l'Etat qui assume ce rôle. Le principal problème d'une liberté sans Etat est qu'elle est absolue, sans limite. On serait, certes, plus libre sans l'Etat, mais d'une liberté impossible. Il faut donc que l'homme abandonne sa liberté absolue dont il ne peut pas jouir à cause des conflits qu'elle provoque avec celle des semblables et accepte de la remettre à un chef. Le véritable problème de l'homme dans ce que Hobbes appelle "l'état de nature", c'est-à-dire, dans une société sans Etat, sans instance investie de la souveraineté, c'est que chacun se croirait maître absolu de lui-même, voudrait faire la justice tout seul à l'aune de son intérêt personnel. C'est cela qui fait de l'homme le pire prédateur pour l'homme ("homo homini lupus"). Tant que l'homme sera absolument maître de lui-même, il présentera un danger pour la liberté des autres. Il faut, au contraire, transmettre la souveraineté que chacun a sur soi à un chef qui tranche les conflits de manière irrévocable. L'existence d'un chef est donc décisive, il s'agit de perdre une liberté sans cadre pour gagner une liberté encadrée par la loi. Si chacun pense avoir un droit sur tout et en être le seul juge, c'est là qu'interviennent les conflits autour de la propriété comme celui que nous avons évoqué, par exemple. Les individus doivent donc abandonner la souveraineté sur eux-mêmes qui fait leur liberté naturelle avant l'Etat, pour la remettre à un chef chargé de dire le droit. Bien sûr l'homme serait plus libre sans l'Etat, mais c'est négliger que l'homme a besoin d'un chef pour cohabiter avec les autres. Il doit impérativement cesser de se penser comme souverain de lui-même.
Il faudrait même aller plus loin car on peut montrer que l'Etat, comme chef qui impose la paix entre les hommes, libère les individus d'eux-mêmes. Sans l'Etat, en effet, nous serions soumis à la tyrannie de nos désirs qui nous mettent constamment en rivalité et en concurrence avec les autres. Si l'on ajoute à ce que nous disions, que les désirs humains sont façonnés, comme un miroir, par le désir des autres comme le pense Hobbes avant Hegel, on doit considérer aussi que, sans Etat, ce serait "la guerre de tous contre tous". Si les individus sont en concurrence constante, c'est précisément qu'ils ont tendance à désirer ce que les autres désirent. L'identité de chacun se façonne dans le rapport aux autres qui passe, souvent, par l'intermédiaire des choses que tous essaient de s'approprier pour se démarquer. Les choses deviennent alors un enjeu de reconnaissance et de pouvoir qui produit un conflit perpétuel : pour les places, pour les reconnaissances, pour l'argent... L'anthropologue de l'économie, Carl Polanyi, avait d'ailleurs bien fait remarquer que la quête d'argent, en société, n'est pas une quête de bien-être mais une quête de reconnaissance sociale. Cette marche du désir qui nous pousse à la rivalité est une véritable tyrannie. Or, en remettant la marche libre de nos désirs rivaux à un chef politique, il nous libère de leur tyrannie, tout en nous libérant de la tyrannie que le désir des autres nous impose. L'Etat comme chef législateur donne certes des limites à l'expression libre de nos désirs, mais, dans le même temps nous en libère. Nous serions donc plus libre sans l'Etat mais d'une liberté qui serait l'autre nom de la tyrannie des désirs rivaux qui animent trop souvent la sociabilité humaine (Kant parle d'ailleurs, à ce sujet, d'"insociable sociabilité" de l'homme).
Pourtant, tout ce que nous venons d'évoquer se fonde sur une conception très discutable de l'humanité. La croyance selon laquelle les désirs de l'homme sont nécessairement rivaux ou même que l'homme ne se préoccupe que de lui-même si on le laisse libre est absolument discutable. C'est la raison pour laquelle on est en droit de se demander si l'Etat ne représente pas une restriction abusive de notre liberté naturelle. En réalité, il y a fort à penser que sans l'Etat l'on serait beaucoup plus libre ou, à tout le moins, beaucoup moins menacé dans notre liberté.


Commençons par déconstruire l'idée selon laquelle l'Etat serait une sorte de réalité paradoxale qui restreindrait la liberté pour favoriser la liberté. Cette idée est entièrement basée sur une vision discutable de l'homme. Il est faux que l'homme ne soit naturellement préoccupé que de lui-même et soit incapable de s'imposer lui-même les exigences de la vie collective. Les hommes cherchent, au contraire, spontanément à coordonner leur action avec celle des autres, c'est donc absolument une expression de leur liberté que se donner eux-mêmes des règles permettant une sociabilité paisible. Certaines études en psychologie nous apprennent que les enfants se donnent spontanément des règles permettant de collaborer avec les autres. Piaget dans son livre sur le Jugement moral chez l'enfant, montre, en effet, qu'il y a deux sortes de règles morales : la première sorte de règle morale est imposée aux enfants par les adultes sous la forme d'une contrainte et est intériorisée par crainte de la punition ; la deuxième sorte de règle morale est spontanée, les enfants qui cherchent à jouer ensemble se donnent spontanément des règles de conduites rendant possible le jeu et se corrigent mutuellement si l'un enfreint ces règles. Pour jouer aux billes, par exemple, il faut nécessairement que tous les enfants se donnent les règles qui rendent possible le jeu lui-même et corrigent celui qui ferait une faute, c'est donc spontanément et sans autorité supérieure que les enfants se coordonnent. Si l'on généralise cette idée alors il semble évident qu'une autorité supérieure comme l'Etat n'est pas nécessaire mais tend à priver les individus de leur liberté.

La forme anarchique est la plus adaptée à l'expression libre des individualités. Les penseurs anarchistes, contrairement à ce que l'on croit, ne sont pas défavorables aux règles mais font confiance aux hommes pour se les donner eux-mêmes en collaborant dans des tâches communes. Pour réaliser un projet commun, il faut en effet s'assujettir à des règles qui permettent la collaboration et la réussite du projet. C'est toute la logique des associations. C'est ainsi que Proudhon, par exemple, a proposé un système de société mutualiste qui s'organise horizontalement sans aucune espèce d'autorité tutélaire comme l'Etat. Pourquoi tenir absolument à la forme de l'autorité des chefs plutôt qu'à la collaboration des hommes dans des coopératives à laquelle chacun a goût et intérêt à participer. Si l'on veut que l'homme soit le plus parfaitement libre, il ne faut pas plus d'Etat mais moins d'Etat : il faut que chacun puisse choisir la vie qu'il souhaite sans entrave et qu'il risque d'être choisi ou rejeté par les autres dans ses choix. Chacun donne ce qu'il souhaite et est ou non accepté par les autres. La collaboration des hommes doit se faire horizontalement pour laisser à la liberté individuelle la plus grande créativité et le plus grand espace d'expression. Cela ne signifie pas que tout soit autorisé car les hommes, en s'associant, s'imposent à eux-mêmes leurs normes sans que n'intervienne l'Etat qui n'est jamais que la captation par certain d'un droit de dominer les autres.
Au-delà de l'erreur anthropologique, la thèse naïve selon laquelle l'Etat serait forcément libérateur, on s'expose à un autre problème sévère. Si Hobbes estime que le fondement de l'Etat provient du fait que chacun remet sa liberté à un chef, qui empêchera le chef, détenteur d'une autorité incontestable et de la "violence physique légitime", d'abuser de son pouvoir ? Plus une entité a du pouvoir, plus son action présente de risques. N'a-t-on pas, au vingtième siècle, siècle de l'Etat-nation, la mise en évidence des périls totalitaires de la forme étatique ? Ainsi, concentrer le pouvoir dans une seule main, c'est aussi un risque, celui de ne plus pouvoir empêcher l'action du pouvoir y compris dans ses pires conséquences. Hannah Arendt a produit une analyse perçante du péril totalitaire et de son étroite liaison avec la forme de l'Etat lorsqu'usant de son pouvoir, il cherche à régir tous les aspects de la vie sociale sans limite. Nietzsche, dans Ainsi parlait Zarathoustra, parle du "plus froid des monstres froids" au sujet de l'Etat et, il considère que la forme de l'Etat implique forcément une scission entre lui et le peuple et une tendance naturelle à se séparer des attentes de la société pour devenir oppresseur. Les animaux ont des troupeaux. Chez l'homme, il n'y en a pas, mais il y a des Etats. L'Etat, pour compenser l'insociabilité humaine finit donc par se couper de la société en lui imposant des impératifs qui peuvent l'opprimer. Jamais "un" chef ne pourra représenter une multitude d'individus singuliers et divers et s'il cherche à les façonner, à leur imposer des règles communes, il leur fait nécessairement violence.
Pourtant, condamner toute forme de pouvoir étatique en raison de ses excès relève du sophisme. C'est ce que l'on appelle l'argument de la "pente glissante" qui est aussi représenté dans l'expression : "qui vole un œuf vole un bœuf". Bien entendu certaines formes dévoyées de pouvoir étatique sont privatives de liberté mais on ne peut pourtant pas déduire si facilement que l'on serait plus libre sans l'Etat. Les sociétés sans Etat, sont des sociétés de hordes où les mouvements de masse ne sauraient être maîtrisés, où la vindicte des uns contre les autres ne saurait être empêchée, où la liberté, finalement, risquerait d'aboutir à l'émergence de comportements collectifs dangereux et impossibles à maîtriser. Il faut donc un Etat qui maîtrise la vie collective mais un Etat où le pouvoir limite le pouvoir, où le pouvoir soit tellement modéré par le jeu des institutions qu'il garantisse l'homme contre tout despotisme et le tienne dans la plus grande liberté possible.
Ce que l'on peut reprocher à la forme étatique c'est, effectivement ce que disait Nietzsche : l'Etat croit représenter le peuple et risque alors de ne lui proposer que servitude. Claude Lefort a bien mis en évidence le fait que tout Etat devient dangereux dès lors qu'il croit devoir faire l'unité d'un peuple ou qu'il croit la représenter. Or, une société est composée d'une infinité d'être divers ayant des intérêts variés, passant d'une sphère de vie à l'autre : quoi de commun entre les croyances d'un athée, d'un sikh et d'un chrétien ? Quoi de commun entre les intérêts d'un chauffeur de taxi, d'un enseignant, d'un retraité et d'un grand patron ? La société n'est pas une, elle est composée d'une pluralité très diverses de situations, d'individus... L'Etat devient un danger dès lors qu'il prétend faire l'unité du peuple : lui dire son identité, sa volonté, ses valeurs... L'Etat doit seulement permettre la coexistence des hommes, favoriser la diversité et la tolérance afin que son pouvoir ne soit pas constitutif d'une privation de liberté. C'est la raison pour laquelle certains penseurs, comme Locke, on restreint le rôle de l'Etat à la protection des droits individuels (Locke parle de propriétés). Le pouvoir de l'Etat légitime est, par nature, limité à la protection des droits des personnes, dès lors son pouvoir ne saurait s'exercer qu'au profit de la libération de l'homme.


Pour éviter toute captation abusive du pouvoir, il faut donc que personne, dans l'Etat, ne dispose de tous les pouvoirs. Une constitution libre n'est pas celle où il n'y a qu'un chef sans contre-pouvoir, ce serait plutôt un despotisme mais où il y a des chefs capables de s'empêcher les uns les autres, de restreindre mutuellement leur pouvoir afin que le pouvoir limitant le pouvoir, tout le monde soit exempt du danger de captation tyrannique de celui-ci. C'est la condition d'un exercice modéré du pouvoir en dehors duquel les citoyens courent les plus grands dangers. C'est l'avantage que Montesquieu voyait dans la constitution anglaise lorsqu'il a théorisé la séparation des pouvoirs qui est, plus précisément, un équilibre des pouvoirs. Si, par exemple, seul l'Etat pouvait produire une information officielle en muselant la presse, ce serait un abus de pouvoir qui empêcherait les citoyens de prendre des décisions éclairées. La presse intervient donc comme une forme de contre-pouvoir d'information. La pluralité et l'indépendance des agences de presse est décisive dans ce cadre. Toute captation du pouvoir de faire savoir par un seul, serait, au contraire, constitutive de la privation de la plus élémentaire liberté du citoyen qui est de pouvoir penser par lui-même. Cette liberté ne se fait pas seule, elle est le résultat d'institutions qui favorisent le pluralisme des voix et qui empêchent qu'un seul ne prenne tout le pouvoir. L'institution de l'Etat est bien une nécessité pour libérer les individus s'il est capable de limiter l'expression de son propre pouvoir.

Il faut, enfin, que l'Etat ne se prétende jamais détenteur de la souveraineté qui appartient au peuple. L'Etat ne peut pas représenter le peuple, ni vouloir à sa place comme le dit Rousseau, dans le Contrat social. Sinon cela signifierait que la volonté de l'Etat se substitue à celle des citoyens et s'en sépare au risque de l'opprimer. Il faut donc s'assurer que toutes les possibilités de contestation, de participation, de recours des citoyens soit assurée et favorisée pour permettre que l'Etat soit l'organe de la liberté du peuple. Mais c'est encore l'effet d'une institution différente de la société et disposant d'un certain pouvoir. Il faut que l'institution incontournable de l'Etat soit telle qu'elle s'assure elle-même d'être l'organe des délibérations civiques et qu'elle ne prétende jamais les maîtriser ou les circonscrire pour que l'Etat ne soit pas constitutif d'une privation de liberté. Jurgen Habermas évoquait, par exemple, les procédures qui permettent aux délibérations collectives d'exister : ces procédures, il faut qu'il y ait des institutions pour les faire exister. Dans ce cas, et dans ce cas seulement, l'Etat ne présente plus une menace pour la liberté puisqu'il devient l'organe et l'expression de la liberté des citoyens.
Notre parcours nous a montré que le rapport entre la forme de l'Etat et la liberté était loin d'être simple. L'Etat est une forme historiquement datée, on sait les périls liberticides que représente le fait de concentrer le monopole de la violence physique légitime dans une seule main. C'est ce dont l'histoire du vingtième siècle nous témoigne. On pourrait donc être attiré par un rejet de la forme étatique et par une nostalgie des sociétés sans Etat. Pourtant, nous avons montré que ce serait une erreur. L'homme ne serait pas plus libre sans Etat c'est une évidence. Mais toute forme d'Etat n'est pas pour autant libératrice. Il s'agit que l'Etat soit capable de limiter son propre pouvoir par des institutions modératrices qui garantissent le peuple contre toute captation de sa souveraineté. C'était le projet des premiers penseurs de l'Etat démocratique, il est évident que les partisans du pouvoir absolu de l'Etat en sont les principaux fossoyeurs.