jeudi 9 avril 2015

Les couples qui durent savent transformer leurs liens





Comment choisir la bonne personne ?


Quelques citations recueillies par-ci par-là sur le thème de l'amour :

. Les gens qui ne font que rendre service et n’ont pas d’amour en retour ne s’aiment pas. Le jour où ils s’aimeront, les autres les aimeront.
Il faut d’abord s’aimer pour être aimé des autres.
(Conversation avec Dieu, Tome 1, Neale Donald Walsch)

. Le but de la relation n’est pas d’avoir quelqu’un d’autre qui pourrait te compléter, mais d’avoir quelqu’un d’autre avec qui tu pourrais partager ta complétude.
. Tu n’as besoin de personne en particulier pour vraiment faire l’expérience de qui tu es, et… sans quelqu’un d’autre, tu n’es rien…
(Saint Exupéry)

. Il faut se ressembler un peu pour se comprendre, mais il faut être un peu différent pour s'aimer. (Paul Géraldy)
. Mon être était semblable à une statue inachevée ; L'amour m'a ciselé : je suis devenu un homme (Muhammad Iqbal)
. Aimer, ce n'est pas regarder l'un l'autre, c'est regarder ensemble dans la même direction. (Antoine de Saint-Exupery)
. La vie est un sommeil, l'amour en est le rêve. Et vous aurez vécu si vous avez aimé.
(Alfred de Musset)

. Dans un couple, peut-être que l'important n'est pas de vouloir rendre l'autre heureux, c'est de se rendre heureux etd'offrir ce bonheur à l'autre.
(Jacques Salomé)

. Ferme les yeux, tout ce que tu vois t'appartient. (Jean Giraudoux)
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Serge Hefez, psychiatre : "Les couples qui durent savent transformer leur liens"


Est-il plus difficile qu'hier de vivre en couple ? Sans aucun doute, répond Serge Hefez, psychiatre et psychanalyste, dans son dernier livre Scènes de la vie conjugale (Éd. Fayard). Et pourtant, les couples d'aujourd'hui ne s'en sortent pas si mal. Encourageant. Voici ses conseils.
Pèlerin
Serge Hefez. Aujourd'hui, le lien conjugal repose sur la volonté « privée » de faire un couple ; il ne fonde plus nécessairement la famille. C'est très nouveau !
Cette évolution produit une séparation entre l'institution familiale et la conjugalité. Depuis toujours, un ensemble de règles sociales instituait le couple comme fondement de la famille. Ce n'est plus le cas.
Quelles en sont les conséquences ? 
Le couple d'aujourd'hui doit sans cesse « faire ses preuves » pour continuer à exister. Dans notre société individualiste où le sacrifice, la contrainte ou la dette morale sont considérés comme des valeurs négatives, et où l'exigence d'être heureux est impérieuse, le couple a pour mission - impossible - de rendre heureux au quotidien ses deux membres.
Et s'il n'apporte pas le bonheur immédiat, il est rapidement remis en question. Car le lien conjugal est l'un des seuls qu'on a le sentiment de pouvoir modifier.
Pourquoi n'est-il pas simple de vivre ensemble quand on s'aime ? 
Rencontrer quelqu'un et s'engager avec lui dans une vie commune fait craindre de renoncer à une grande part d'autonomie. La relation conjugale nous expose entièrement, à la différence de l'amitié, par exemple, qui n'offre aux autres que certaines de nos facettes.
Or, cet être avec lequel on s'engage totalement est différent de nous, dans ses goûts, ses aspirations, son histoire... Dans un couple, il faut donc aménager ensemble un territoire commun.
Dès le début, chacun est tenté de défendre sa culture et sa façon de voir : le choix des vacances, le dimanche en famille ou avec les amis, l'ordre ou le désordre domestique... La création des règles de vie du couple est donc, par définition, conflictuelle.
Le couple d'aujourd'hui doit répondre à certaines normes
Oui, la famille et le couple sont des lieux qui doivent faire émerger le bonheur. Le couple idéal n'est plus, comme dans les années 1950, celui qui dure mais celui qui est excitant et en perpétuel renouveau.
Or cet état de passion permanente ne peut - et ne doit - pas durer. Quand on sort de la passion, c'est l'autre que l'on rencontre, avec son mystère et ses différences. La passion met en suspens un moment du temps extrêmement épanouissant : on croit que l'autre va pallier nos manques affectifs.
Sortir de l'illusion que nous sommes « seuls au monde » est douloureux car cela nous ramène à la réalité de ce que nous sommes vraiment. Mais en même temps, les deux partenaires vont pouvoir se rencontrer vraiment, avancer ensemble, apprendre des choses l'un de l'autre...
Comment concilier le désir d'engagement et l'aspiration à la liberté ? 
Les couples sont pris entre les deux. Avec la montée de l'individualisme, chacun s'engage désormais seul, sans le « filet de sécurité » que pouvait représenter sa famille, son milieu ou l'institution du mariage.
Le revers de la liberté, c'est la solitude du choix. L'égalité progressive des hommes et des femmes a aussi modifié le couple. Aujourd'hui, les partenaires ne sont plus dans la complémentarité, mais dans la symétrie. Or la position complémentaire éliminait beaucoup de conflits, chacun occupait sa place sans empiéter sur le territoire de l'autre.
Quand les hommes et les femmes remplissent tous les rôles (faire des études, travailler, explorer le monde, s'occuper des enfants...), ça se complique. Souvent, l'arrivée d'un premier enfant fera resurgir des rôles sexués : chacun vit la grossesse puis l'accouchement à sa manière. Bien des couples ne supportent pas cette transformation.
Comment faire alors pour partager une certaine égalité sans tomber dans l'égalitarisme ?
De nombreux couples ont en tête un convertisseur interne qui demande : « Qui donne quoi ? » ; « Est-ce que faire les courses et aller à la crèche implique autant ? Le repassage vaut-il le bricolage ? » Chacun s'interroge : « Suis-je moins aimé, moins pris en considération ? »
Pour réussir son couple, je pense qu'il faut lui accorder une confiance inconditionnelle, croire totalement au lien qui unit à l'autre. Cela amène à déplacer les griefs. Lorsqu'une tension se présente, ce n'est pas l'autre qui est insatisfaisant, c'est une règle de la relation qui ne fonctionne pas.
Ce qu'il faut alors changer, ce n'est pas l'autre mais cette mauvaise règle qui fait dysfonctionner le couple. Et en créer une autre ensemble, nourrie des attentes de chacun et des projets communs.

Qu'est-ce qui permet au couple de durer ?
Un tandem qui dure transforme sans cesse les liens. Il grandit chaque jour. Prenons l'exemple du bébé qui devient adolescent puis adulte : il transforme sa relation avec ses parents pour devenir de plus en plus autonome tout en continuant à être relié.
C'est ce qui se joue dans le couple : comment sortir d'un lien fusionnel tout en restant relié ? À chacun de tricoter sa solution.
Vous dites qu'il faut mesurer le prix de ce lien 
Oui, le couple est un investissement dans le sens où il demande un travail de longue durée. Ce qui va à l'encontre d'une image du couple véhiculée par les médias comme étant entièrement spontané, basé sur les émotions et le plaisir, et pas du tout sur l'effort.
La volonté de bâtir un couple, de créer une force supérieure à deux volontés individuelles, c'est aussi cela qui permet de continuer malgré les difficultés.
Les couples que vous recevez trouvent-ils un nouveau souffle ?
Oui, en grande majorité ! Ils ont toujours une formidable envie de comprendre les ressorts de leur relation. Ils sont complexes et pleins de ressources. Ensemble, nous explorons des questions essentielles : qu'est-ce qu'aimer ? Comment vivre ensemble ? Que faire de sa liberté ? Le couple est une aventure pleine de surprises

Comment formuler ses sentiments : les conseils de Serge Hefez
► Parler davantage de soi plutôt que faire des reproches à l'autre. Parler de ses aspirations et ses insatisfactions comme des sentiments venant de soi et qu'on souhaite transformer. Sortir de la dialectique : « Je suis la victime d'un partenaire insatisfaisant. » 
► Être attentif à toutes les formes d'expression.Les femmes parlent facilement et se plaignent que leur conjoint « ne dise rien ». Souvent, cest que les deux partenaires n'arrivent pas à « entendre » ce que dit l'autre. En effet, on ne communique pas qu'avec des paroles, mais aussi par des gestes, des regards, des attentions.
► Se mettre dans les conditions d'un dialogue.Souvent, le couple occupe soit trop, soit pas assez, de place car les enfants en prennent beaucoup. Il est donc bon de créer des moments pour se parler.


Serge Hefez est aussi responsable de l'Unité de thérapie familiale du service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris.